“Cantemerle” : notre maison bois écologique bioclimatique à prix serré !

ARCHI ECOLOGIQUE : 18 projets d’éco-habitat. Par Yves Connan aux Editions Ouest France

En 2002, nous avons entrepris la réalisation d’une maison bois écologique bioclimatique s’inscrivant harmonieusement dans son environnement naturel et humain. Notre cahier des charges : surface habitable 130m², budget serré 90.000 €, isolation et peintures écologiques (bien sûr !), durée des travaux 5 mois. Yves CONNAN, journaliste à Ouest France, a sélectionné notre maison bioclimatique parmi 18 projets d’éco-habitat.

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Les matériaux écologiques isolants thermiques et phoniques utilisés sont la laine de mouton en rouleaux pour l’isolation de la toiture, le liège expansé en granulats pour le sol, le chanvre en panneaux pour les murs et le chanvre brut “béton de chanvre” pour la dalle isolante au sol du garage. Pour les finitions des murs intérieurs et extérieurs, nos peintures bio et huiles dures naturelles et lasures écologiques ont été utilisé.

L’article en entier

 

Notre maison écologique à ossature bois

Au bout de la route, une maison en bois. Lumineuse et bien plantée dans son environnement, elle dialogue avec une petite pagode drapée de nature. Que se disent-elles ? Nous ne le saurons sans doute jamais, mais de cet échange émane un parfum de pragmatisme et d’ouverture au monde que souligne un petit chemin étroit qui serpente de l’une à l’autre. Nous sommes au pied de la Montagne noire, aux limites climatiques des influences méditerranéenne et océanique. A Dourgne, une petite ville du Tarn, chez Alain et Evelyne. De tout temps « protecteurs » de l’environnement, ils voulaient prouver qu’il était possible de construire une maison spacieuse et confortable en utilisant des matériaux naturels et non toxiques.

Une maison bois bioclimatique à 90 000 € ? Pari tenu !

L’analyse bioclimatique du lieu montre de véritables contraintes naturelles, le masque solaire dû à la montagne le matin et le vent d’autan, souvent violent, qui dévale la montagne au sud. Pour gagner en ensoleillement, ils implantent la maison le plus au nord possible dans le terrain. L’espace de vente qui borde la façade nord sur toute sa longueur. Une étude géo-biologique a affiné ses résultats. Le terrain a ainsi été soigneusement réparti entre le verger, le potager, le poulailler, la gloriette (pagode), les cheminements… et bien sûr la maison elle-même. Très développée en Chine où l’habitat est conçu dans une relation très étroite avec l’habitant et le cosmos, la géo-biologie a une dimension plus matérialiste chez nous où elle se concentre sur l’étude des éléments qui peuvent avoir des influences néfastes sur les habitants, telle la présence d’eaux souterraines, de cavités, de réseaux électro-magnétiques.

Une maison à la volumétrie simple et compacte

La maison est construite en bois Douglas massif issu de la forêt qui lui fait face. La conception de la maison elle-même s’inspire des principes du Feng-Shui. Le point central est le foyer, le cantou, à partir duquel la maison s’épanouit. Autre principe, un cheminement en courbe pour accéder à la maison et une entrée décalée par rapport à la façade principale et peinte en rouge, positionnée sur une petite passerelle de bois qui dessert également un bureau en pignon. Le Conseil en Aménagement Urbanisme et Environnement du Tarn a aidé à finaliser les plans, appréciant de travailler sur une maison bioclimatique en bois et non pas sur un projet de chalet.

5 mois seulement pour construire la maison !

Si la conception du projet a pris plus de deux ans, la construction n’a duré que cinq mois en 2002. Le bâtiment a une emprise au sol de 144 m2 dont 111 m2 sur pilotis. Le principe d’une construction sur plot permet de se protéger de l’humidité du sol (et des nombreux termites !). Egalement d’assurer une bonne ventilation à la structure — le radon est un gaz particulièrement présent en secteur granitique comme ici.

Compact, de volumétrie simple malgré son toit asymétrique, largement ouvert au sud, le bâtiment regroupe la maison d’habitation de 104 m2 sur un niveau, un espace réservé aux amis et à la famille à l’étage sur 32 m2, un point de vente de produits biologiques et une chaufferie sur 33 m2. Distante d’une vingtaine de mètres, la pagode, hexagonale, ouverte à l’est, offre un volume généreux pour une surface réduite de 20 m2. Evelyne utilise la Pagode pour son travail de praticienne

Le bois de la structure est apparent intérieurement et extérieurement.

Quant à Alain, il commercialise des matériaux écologiques pour la maison. Tous deux exercent donc une partie de leur activité professionnelle chez eux. La structure est en bois massif, combinaison « maison » d’une ossature bois classique et de l’empilement horizontal de « madriers ». Un joint élastomère et des couvre-joints intérieurs et extérieurs vissés et collés assurent l’étanchéité. Une attention particulière a été portée au choix du bois. Le sapin Douglas qui pousse dans la montagne d’en face a été privilégié. La région produit beaucoup de bois d’œuvre. L’équivalent de quatre arbres a suffi pour construire la structure de la maison. Le Douglas est très dur une fois sec. Léger, il est capable de produire des solives et des poutres de charpentes de longue portée. En outre, il est très résistant aux attaques des xylophages et des champignons et ne nécessite pas de traitement

La pagode offre un espace intérieur étonnamment spacieux. Elle est construite en bois comme la maison. Même si ce type de construction est peu courant, son architecture n’est pas éloignée du patrimoine local. En bas à gauche : la maison au sud ouvre sur une vaste terrasse accessible directement du jardin. Une pergola et une vigne vierge tempèrent l’ardeur des rayons de soleil en été. Enfin, sa teinte rouge est du plus bel effet pour l’aspect extérieur. Le bois est protégé par du sel de bore, une couche anti-ultraviolet et deux couches de lasure bio. Les murs ne sont pas isolés.

Quelle isolation phonique et thermique ?

L’isolation des rampants et les parois de la pagode est à base de la laine de mouton. Le plancher bas est constitué de caissons bois à lamelles orientées sans formaldéhyde. Ces caissons sont remplis de 6 cm de liège en vrac et couverts de lames de châtaignier non traité. Pour Alain, le caractère sonore du bois est un des point faibles de la construction. L’entreprise à réalisé les travaux de hors eau et hors air. L’implantation devait être au centimètre près car toutes les pièces de ont été préparées en atelier et ajustées place. Alain a aménagé l’intérieur de la construction, dans la lignée de ses pères et grand-père qui tous deux étaient menuisiers. C’est quand même bien, les traditions perdurent !

Le soleil assure le confort thermique passif !

Les grands vitrages au sud qu’une vigne vierge vient tempérer en été, par une chaudière à granulés de bois en hiver avec, pour l’agrément, l’apport d’un poêle à bûches. Ce confort se double d’une sensation de bien-être donnée par la qualité de l’aménagement et l’équilibre qui émane des différents espaces intérieurs. Les capteurs solaires thermiques chauffent l’eau sanitaire et le lave-linge. Ils alimentent le circuit de chauffage en hiver.

La maison se révèle à l’intérieur très confortable, été comme hiver. En bas à droite : à l’étage, un petit appartement indépendant permet de loger famille et amis.

La maison d’Alain et d’Evelyne est écologique à bien des égards : faible impact carbone de sa construction et de son fonctionnement, choix de matériaux naturels, coûts maîtrisés, possibilité pour tous deux d’exercer une partie de leur activité professionnelle sur place, ce qui réduit d’autant les déplacements motorisés. Joli résultat, mais ce que je retiendrais de cet exemple, c’est l’approche santé qui a guidé la conception et l’implantation de la maison —recours à la géobiologie, protection contre le radon. L’habitat et la santé sont de fait très liés surtout quand on sait qu’on y passe la plus grande partie de notre vie. Quelle est l’influence d’un lieu, de l’environnement local ou de l’écosystème bâti sur le bien-être et le comportement des êtres vivants ?

Se prémunir de la pollution intérieure

La pollution de l’air intérieur dégagée par les matériaux, l’humidité, voire la radioactivité naturelle ou artificielle, l’environnement électromagnétique agissent en permanence sur notre santé. Le choix des revêtements, des peintures, le mode de chauffage, interfèrent sur l’apparition d’allergies de plus en plus fréquentes. Autrefois, les maisons pouvaient être insalubres et inconfortables, aujourd’hui, elles distillent doucement des substances qui peuvent s’avérer très nocives. En outre, une maison écologique doit apporter des réponses d ce type de préoccupations et nous en avons un bon exemple ici.

Le point de vue des maîtres d’ouvrage

« Si c’était à refaire, nous repartirions sur le même concept en bois massif sur pilotis, mais en renforçant l’isolation et l’épaisseur de la structure en bois (passer de 8 à 12 cm). Nous nous sentons très bien dans la maison. Nous avons l’impression d’être en cohérence avec notre façon de se soigner, de s’alimenter. Pour nous, la plus-value des matériaux écologiques réside dans la meilleure protection de la santé des habitants et dans le respect de l’environnement.

Nos maisons nous empoisonnent. On est davantage en danger dans la maison qu’à l’extérieur. Dans les maisons en bois, il existe un lien fort avec la nature, le végétal. Enfin, les fibres supportent un poids important, comme nous le montrent les arbres mais le végétal est plus éphémère que la terre, c’est la philosophie de l’impermanence. Pour nous, utiliser des matériaux naturels veut dire ne pas laisser de traces toxiques si la maison devait disparaître. » Alain et Evelyne

 

Données techniques

■ Equipe de maîtrise d’œuvre Alain et Evelyne

■ Consommations énergétiques Surface habitable :136 m2 (maison et gîte à l’étage). Electricité en 2007/2008: 135 kW, soit 300 €. Eau : 128 m3, soit 122 E. Bois : 2 m3 de bûches brûlées pour l’agrément. Chauffage au m2 : environ 73 kWh/m2/an. Emission de CO2 : neutre.

■ Coûts Coût du terrain de 2 500 m2 en 1999 :16 000 €. Coût des travaux : En 2002 : 90 000 (40 000 € de gros œuvre charpente et 50 000 € de matériaux).

15 m2 de capteurs solaires pour l’eau chaude chaude sanitaire. Coût total 120 500 €,

■ Techniques et équipement • Isolation 6 cm de liège en sol, laine de mouton en toiture et pour la pagode, rien en mur • Thermique Chaudière à granulés Capteurs solaire thermiques

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